Années 1930, un homme, la vingtaine, mi vagabond, mi dandy, sillonne les routes poussiéreuses du Mississippi avec pour seuls bagages une guitare acoustique et une bouteille de Bourbon. Malgré son jeune âge, il semble porter sur ses épaules tout le poids du monde, traînant derrière lui comme un boulet de forçat un passé déjà trop douloureux : l’abandon d’un père, une enfance passée dans les champs de coton sous la surveillance d’un beau-père violent, puis la mort en couches de l’amour de sa vie … Qui peut douter qu’il s’agit de Robert Johnson, l’auteur de « Sweet Home Colorado », et que, de ses souffrances, il tire un blues à nul autre pareil ? Disséminant sa musique encore méconnue de ville en ville, dans un Sud raciste, Johnson a rendez-vous avec sa gloire en une date et un lieu : la scène du Carnegie Hall, à New York, où des producteurs qui croient en son talent l’attendent impatiemment.
Mais son attirance pour l’autodestruction est à la hauteur de son talent : immense. Arrivera-t-il à destination ?