Cet ouvrage témoigne de la richesse de l’oeuvre trop peu connue de Son House, pionnier du blues du Delta du Mississippi aux contradictions profondes.
Né en 1902 près de Clarksdale dans le Mississippi, Son House représente la quintessence du blues du Delta. Il enchante les juke joints des années trente avec Charley Patton et Willie Brown, devient le modèle de Robert Johnson, Muddy Waters et Howlin’ Wolf, enregistre des chansons qui feront date à Grafton (« Preachin’ The Blues », « Walking Blues ») ou dans le Mississippi avec Alan Lomax. Dans les années quarante il disparaît des radars, s’éloignant de la musique avant d’être redécouvert en 1964 par quelques fans de folk blues et de participer au renouveau de ce style musical aux États-Unis. Si sa carrière alterne entre éclipses et éclats, sa vie se révèle tout aussi spasmodique : un feuilleté de mystères et un tissu de contradictions, entre douceur et jeu en percussion, voix chaude et guitare métallique, foi baptiste et amour des femmes comme du whisky, musique spirituelle et blues profane, prêche et chant. Alcoolique, assassin par légitime défense, sa musique est la tentative de surmonter ses tourments, avec « l’élégance des vrais survivants ». Il meurt le 19 octobre 1988 mais sa musique continue à irriguer le blues contemporain, de Johnny Winter à Jack White jusqu’aux Larkin Poe.