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Hello. Je pensais naïvement, après ces quinze jours d'absence, sinon vous donner des nouvelles de cette reprise des activités qu'on attend tous en devenant un peu plus dingues chaque jour, mais au moins reprendre le contact avec ces videos, ces photos, ces affiches mais aussi avec de petits feuilletons dont je vous reparlerai bientôt. Parce qu'aujourd'hui, j'ai pas le coeur à ça. J'ouvre mon ordi ce matin et j'apprends par Jacques Godet un départ de plus, putain d'année. Et quel départ : monsieur Steve Grossman (18 janvier 1951 - 15 août 2020), saxophoniste colossal, oscillant entre Coltrane et Rollins, partenaire jadis de Miles Davis, d'Elvin Jones, mais aussi invité régulier de "l'hôtel Pelzer", où il était revenu jouer avec bonheur il y a quelques années. L'occasion d'échanger ces anecdotes, ces souvenirs, tantôt drôles, tantôt sombres. Ok, Steve faisait partie de ces musiciens qui ne s'épargnaient pas mais par les temps qui courent, on se demande de plus en plus s'il est raisonnable d'être raisonnable. Salut, Steve. Et si tu nous jouais un dernier In a sentimental mood ? Juste pour nous arracher une larme supplémentaire..
Le 21 mars, alors qu'on pensait que le confinement n'allait durer que quelques jours, quelques semaines tout au plus, la Maison du Jazz passait en télétravail. Et ce 21 mars, je vous proposais, histoire de garder le contact, les cours, concerts et conférences étant interrompus, la première d'une série de 133 videos commentées: Chet Baker jouait et chantait Candy. Pendant tout ce temps, et alors qu'on commençait à comprendre que les choses allaient durer, que des gens allaient mourir, que la vie allait changer, profondément, j'ai essayé d'alterner les genres, les styles, les époques, passant du dixieland à la M'Base en passant par le swing, le bop, le free, la fusion. Si ce petit rituel matinal a pu vous donner un soupçon de plaisir comme ce fut le cas pour moi, on n'aura pas tout perdu. Entretemps, sur le site de la Maison du Jazz, les Blue Noon, les Inspecteurs confinés, les Hot House en ligne se succédaient. Du premier au 15 août, comme chaque année, la Maison du Jazz va fermer ses portes (curieuse expression vu que ces portes sont fermées depuis des mois). La vidéo de ce 31 juillet sera donc la dernière (jusqu'à nouvel ordre en tout cas). A la "rentrée", nous allons tenter de trouver d'autres formules, de sortir de nos collections d'autres photos, affiches, programmes etc, de vous proposer des petits feuilletons sonores consacrés à tel ou tel musicien, en attendant de savoir si, où, quand et comment la saison allait ou non pouvoir redémarrer. A condition de résoudre les problèmes de droits qui, au lieu d'aider les musiciens à survivre, empêchent bien souvent des gens comme nous de les aider (bénévolement évidemment) à garder la tête hors de l'eau, de les faire mieux connaître. On se retrouvera donc le 17 août et pour terminer ce cycle de 133 souvenirs vidéos (parmi les dizaines de milliers que vous aimerions vous proposer et pas seulement par Internet interposé), je vous propose, avec à l'appui un nouveau coup de chapeau à l'INA, la deuxième partie d'un somptueux concert donné à Bruxelles par le quartet de Thelonious Monk, avec Charlie Rouse, John Ore et Frankie Dunlop. Très beau travail de restauration par rapport aux copies que nous avions pu obtenir jadis. La Sonuma poursuit son travail et on espère que de très nombreux trésors continueront à émerger. La vie de Monk ne fut pas un long fleuve tranquille. Celle de bon nombre de nos contemporains ne l'est pas davantage. Gardons le moral tant que faire se peut et cherchons de nouvelles manières de partager ensemble cette musique qui nous aide à vivre. Musiciens, parajazziques, fans, on a tous besoin les uns des autres.
Cliquez sur le lien Sonuma: https://www.sonuma.be/archive/jazz-pour-tous-du-07071963
1986. Fred Hersch, un des plus brûlants pianistes contemporains est diagnostiqué séropositif. Le début d’un combat incessant contre la maladie. 2008. Fred sort de plusieurs mois de coma – un coma dont il utilisera les souvenirs pour créer un spectacle onirique unique en son genre. La machine se remet en route et Fred Hersch obtient enfin une reconnaissance largement méritée. Mai 2017. Cité Miroir, Liège. Le public sort de la salle, les yeux brillants. Le trio de Fred Hersch, vient de terminer un concert qui restera dans les annales du Mithra Jazz à Liège. Ayant eu le plaisir de présenter ce concert, j’avais pu apprécier la gentillesse et la simplicité des trois musiciens juste avant le concert. Lorsque le trio termine sa prestation, le public en redemande évidemment. Une fois. Deux fois. Et cette deuxième, Fred nous l’offre en solo, jouant sa composition Valentine, comme il le fait régulièrement depuis quelques années. Debout à quelques mètres, je bois chacune de ses notes, les larmes aux yeux. La version que voici clôt un concert donné à Barcelone le 10 octobre 2010.
1987. Festival de Kongsberg, Norvège. Billy Hart et sa rythmique scandinave (Dag Arnesen et Bjorn Alterhaug) invitent deux monuments du hard-bop US à monter les rejoindre sur scène : Joe Henderson au sax et le sous-estimé Woody Shaw à la trompette. Né trop tard pour avoir profité de l’âge d’or du hard bop et trop tôt pour avoir pu plonger dans la brêche du neo-bop à la suite des Marsalis, Woody Shaw a fait partie de ces Messengers des seventies qui furent les gardiens de la flamme bop au temps du jazz-rock. Une flamme qui continuera à brûler tout au long des deux décennies suivantes, et qui passe pour l’occasion à travers l’immortel All the Things you are.
Django, Petrucciani, Kirk.. Sans compter les innombrables bluesmen aveugles, culs de jatte et cie. Tous sont parvenus avec brio à faire comprendre au monde (et pas qu’au monde musical) qu’un handicap pouvait permettre de transcender la musique. Si vous écoutez un disque d’Horace Parlan, sans rien connaître du personnage, vous allez sans doute vous dire « Wow, super pianiste hard-bop, économe et au toucher fort et subtil ». Or pour pouvoir continuer à jouer après avoir été frappé par une polyomélite paralysant une partie de sa main droite, Horace a du, comme Django, se créer une technique nouvelle (notamment en inversant la hierarchie des deux mains, jouant l’essentiel de la mélodie et de l'improvisation avec la main gauche, tandis que la droite complétait l’exposé et s’occupait du rythme). Ses duos avec Shepp dans les années ‘70/’80 resteront parmi les grands moments du jazz, tous styles confondus. Ici, il joue Monk en solo et recrée le célèbre Monk’s Mood.
En 2016, un des plus grands chanteurs italiens, Gianmaria Testa, tirait sa révérence. Il avait 57 ans. L’homme avait fréquenté, sur scène et sur disques, de nombreux jazzmen, à commencer par Paolo Fresu avec qui, en 2008, il avait réinventé, sous la houlette du pianiste Roberto Cipelli, le répertoire de Leo Ferré. Un moment suspendu proposé à plusieurs reprises en Belgique. Je sais que vous ne m'en voudrez pas de quitter aujourd’hui le domaine du jazz pur et dur pour écouter la bouleversante chanson Lasciami Andare interprétée par cette voix qui, en fin de compte, était en elle-même, une forme de jazz.
On adore ou on déteste la période électrique de Miles Davis. Pendant longtemps, les documents filmés de cette période étaient rarissimes et souvent techniquement déficients . Puis petit à petit, sont apparus des concerts de 1969 (période Corea), des concerts de 1973 avec Dave Liebman, puis quelques concerts concernant la période pendant laquelle le seul claviériste de Miles était le jeune Keith Jarrett, qui parallèlement débutait sa carrière de leader. Les archives des télévisions scandinaves sont parmi les plus riches en matière de jazz. Cette version de Yesternow filmée en novembre 1971 à Oslo fait partie des perles de l’Electric Miles. Jarrett (qui dira plus tard avoir détesté les instruments électriques) semble bel et bien prendre son pied. Un Keith par ailleurs déjà très… Jarrett ! Le band de Miles comprend également à l’époque le successeur de Wayne Shorter, Gary Bartz, en belle forme, le bassiste Michael Henderson et côté percussions Don Alias, Leon Ndugu Chandler et Mtume ! Peut-être un des films capables d’amener certains détracteurs du Miles électrique à revoir leur jugement !
Le nom de John Gilmore (1931-1995) évoque avant tout l’univers démentiel et cosmique de Sun Ra. Dès 1953 à sa mort, Gilmore fut, avec Marshall Allen, un des principaux solistes de l’Arkestra. Il ne faudrait pas oublier pour autant que Gilmore (dont Coltrane reconnut à plusieurs reprises qu’il avait été une de ses premières influences majeures) fut aussi un hard-bopper de haut vol. Les principales traces de cet « autre Gilmore" sont l’album Blue Note Blowing in from Chicago avec Clifford Jordan, et sa participation aux Jazz Messengers au milieu des années ’60. Dans le cadre de l’émission Jazz 625, Blakey offre à Gilmore un featuring sur la ballade I can’t get started. Lee Morgan assure les contrechants tandis qu’autour du leader, le bassiste Victor Sproles et le pianiste John Hicks complètent la section rythmique.
Amsterdam, 13 mai 1988. Chet Baker, trompettiste, chanteur, poète des sons, meurt dans des circonstances qui ne seront sans doute jamais tout à fait élucidées. Il avait 58 ans. Quelques semaines auparavant, le 1er avril, au Theaterhause de Stuttgart, Chet donnait un de ses derniers concerts avec son partenaire le plus régulier à l’époque, le multi-instrumentiste Nicola Stilo (ici au piano) le bassiste Walter Schmucker et le batteur Vincent Seno. Au programme de cette captation, une des pièces de Kind of Blue de Miles Davis, marquée par le feeling de Bill Evans, Blue in Green. Un post dédié à Fabrizio Cassol, il saura pourquoi.
Le post concernant McCoy Tyner avait notamment suscité un commentaire dans lequel perçait un brin d’ironie au sujet de celle qui allait le remplacer au sein du quartet de Coltrane, Alice Coltrane (1937-2007), deuxième épouse du saxophoniste. Si elle n’avait évidemment pas la puissance de McCoy, Alice McLeod Coltrane ne se limitait autant pas à n’être que « la femme du leader » qu’on a voulu voir en elle : dans ce nouveau groupe – le plus free -, elle jouait le rôle qu’attendait d’elle un Coltrane qui, de même avait remplacé Elvin Jones par Rashied Ali. Par la suite, elle poursuivit la quête mystique et mondialiste de son mari, devenant, au piano et à la harpe, une des icônes de ce qu’on appelle aujourd’hui le Spiritual Jazz. Ce qu’on oublie, c’est que bien avant son entrée dans le quartet new look, Alice avait fait ses débuts aux côtés de Terry Gibbs, puis avait été une pianiste de hard-bop de talent. Dans ce document rare, on la découvre jouant le Woodyn’ you de Dizzy entourtée du pianiste Al King et du batteur Don Brown. Nous sommes au Blue Note de Paris le 9 janvier 1960. Aux USA, l’aventure du quartet de Coltrane feat McCoy Tyner commence. Dedicated to Ioni Flechet.
Après des débuts dans divers groupes hard-bop, le pianiste McCoy Tyner entre de plain pied dans l’univers coltranien, jouant une place décisive dans le grand quartet des sixties (1960-1965). Lorsqu’Alice Coltrane prendra sa place dans la version plus free du groupe, McCoy mettra du temps à sortir de la sphère coltranienne. C’est chose faite dans les années ’80 alors que le pianiste réunit autour de son trio (Louis Hayes à la batterie et le bouillant Avery Sharpe à la contrebasse) deux formidables solistes : le trompettiste Freddie Hubbard et le saxophoniste Joe Henderson. Nous sommes à Nurnberg en 1986.
Quoique ça ne suscite pas en moi d’émotion particulière, c'est la fête nationale, et un petit Toots ne peut pas faire de tort. Surtout si, avec son partenaire privilégié Kenny Werner, il nous offre, entre sourire et larmes comme il le disait lui-même si souvent, une version de la magnifique mélodie écrite par Chaplin pour Les Temps Modernes en 1936, Smile. Même si ces derniers temps, il faut parfois qu’on se force un peu pour sourire. Sauf quand on apprend que notre Goldo préféré se porte mieux !
Après Otis Redding et Sam and Dave, nouveau petit crochet par la soul avec l’illustrissime I say a little prayer d’Aretha Franklin version 1970, initialement écrite par Burt Bacharach pour Dionne Warwick et sorti en 1968 par Aretha qui allait en faire un succès mondial. Qui figurait sur mon deuxième vinyle: une compil achetée en Italie et qui s'appelait Gli Idoli del Rhythm'n Blues !
Axé autour de la personnalité de Charlie Parker, le be-bop était une musique d’altistes. Le ténor entre dans le jazz moderne avec, entre autres, Dexter Gordon et Wardell Gray, influencés à la fois par l’Oiseau et par le son et la décontraction de Lester Young. On a eu souvent l’occasion de voir Dexter en Belgique (souvenirs lumineux des soirées à Gouvy, au Chapati, au Lion sans Voile etc). En 1964, il est filmé par les télévisions belges et hollandaises. Cette version de What ‘s New, jouée aux Pays-Bas avec George Gruntz (pn) Guy Pedersen (cb) et Daniel Humair (dms), démarre, comme c’est souvent le cas par la voix du leader, énonçant une partie des paroles de la chanson, avec cette voix inimitable !
1965. Tournée européenne d’un des plus grands guitaristes de jazz de l’heure, monsieur Wes Montgomery. C’est pendant cette tournée que Wes fut le plus souvent filmé, notamment en Belgique et à Londres dans le cadre de l’émission Jazz 625. A ses côtés l’excellent Harold Mabern au piano (qui nous a quittés l’an dernier), le bassiste Arthur Harper et le batteur Jimmy Lovelace. La richesse harmonique de son jeu de guitare, le jeu avec le pouce qui lui vaut sa sonorité unique, toutes les caractéristiques qui font de Wes Montgomery un des monuments de l’histoire du jazz sont présents dans cette version de Round Midnight.
Une petite louche de dixieland mâtiné de swing avec le sous-estimé Bobby Hackett, modèle de Miles Davis à ses débuts. Pour une des émissions sponsorisées par les pneus Goodyear ( !) en janvier 1962, il a à ses côtés le tromboniste Urbie Green (tb), le clarinettiste Bob Wilber (cl), le pianiste Dave McKenna (pn), le bassiste Nabil Totah (b) et le batteur Morey Feld (dms) : ce dernier est mis en valeur dans le Swing that Music que voici.
Les intégristes du jazz ont quelques réticences à intégrer la chanteuse Norah Jones (pour rappel, fille du grand Ravi Shankar) dans la famille bleue. Il est vrai qu’elle a à quelques reprises (comme Armstrong, Ella, et même Charlie Parker ou Duke Ellington), bifurqué vers des musiques plus commerciales (encore faudrait-il définir ce mot et ses liens avec le jazz). Mais lorsque Nora chante Come rain or come shine avec à ses côtés le band de Wynton Marsalis, il faudrait être d’une mauvaise fois radicale pour lui refuser l’entrée dans la cour des grands. Et puis quel quintet, mes zamis !
Parmi les inclassables du piano jazz des années ‘50/’60, un des plus sous-estimés est sans doute Phineas Newborn. Prolongeant à la fois la lignée d’Art Tatum et celle de Bud Powell et des boppers, ce virtuose à l’imagination débordante pouvait, quel que soit le tempo, jouer les mêmes phrases aux deux mains, à l’unisson, de manière tout à fait impressionnante (sur Oleo par exemple. Très caractéristique de son jeu également, une main gauche puissante qui pouvait se montrer aussi mélodique que rythmique. Et se suffire à elle-même comme on le voit dans son fameux Blues for the left hand only filmé lors d’une émission de télévision de 1962 présentée par Oscar Brown Jr (lequel raconte en ouverture la fameuse anecdote sur la phrase de Tatum à propos des pianistes bop dépourvus de main gauche et la réaction de Bud Powell jouant tout un set avec sa seule main gauche).
Un peu de légèreté et de romantisme en 2020, ça ne mange pas de pain. Un beau gosse qui joue My funny Valentine à la trompette, ça vous fait penser à quelqu'un ? Et pourtant, ce n'est pas Chet Baker qui va se livrer au petit jeu de la séduction, jusqu'à ce qu'apparaisse sur scène un rival (pour rire) plus connu dans le rock que dans le jazz mais qui eut néanmoins longtemps pour partenaire Branford Marsalis : une "trumpet and séduction Battle" entre Chris Botti et Sting, ça vous dit ce mardi ?
Copenhague 1967. Le Duke, en plus d’une séance avec l’orchestre au complet, enregistre une magnifique émission de télévision en septet, dont, si je ne me trompe (mais je commence à m’y perdre, quasi cent jours plus tard), je vous ai déjà proposé le featuring de Paul Gonsalves. A son fidèle Johnny Hodges, entré dans l’orchestre en 1928, et qui ne le quittera que quelques années au début des années ’50, il propose de s’illustrer dans la magnifique composition de Billy Strayhorn, Passion Flower. La mélodie à l’état pur !
1964. Herbie Hancock enregistre l’album Empyrean Isles en quartet avec Freddie Hubbard, Ron Carter et Tony Williams. Sur ce disque figure un de ses plus grands succès, Cantaloupe island, avec ce mélange de bop et de groove plus dansant. Un thème qui deviendra un standard pour les jams à venir. Et qui sera repris, façon acid jazz, par le groupe US3 dans les années ’90 (sous le titre Cantaloop), avec partie rap à l’appui. Mais Hancock entretemps a continué lui-même (et il continue encore aujourd’hui) à revisiter sa composition dans les formules les plus diverses : pour cette version, nous sommes en 1990 et le pianiste a à ses côtés trois monuments du jazz contemporain : Pat Metheny (gt) Dave Holland (cb) et Jack de Johnette (dms).
Remarquée en France au sein des Blue Stars, groupe vocal dans lequel se trouvait également Sadi, Blossom Dearie (1924-2009), Blossom Dearie y rencontre Bobby Jaspar qu’elle épouse. Norman Granz lui fait signer un contrat pour Verve et elle enregistre quelques albums superbes, toujours impeccablement accompagnée par des légendes comme Ray Brown ou Jo Jones, elle-même jouant du piano de manière très subtile. En 1965, Jack Dieval, pianiste, homme de radio et de télévision, et fumeur de pipe, l’invite à jouer une version d’I wish you love (Que reste-t-il de nos amours ?) avec Jacques Hess (cb) Franco Manzecchi (dms). A la demande de Blossom, Dieval et Blossom nous offrent ensuite un quatre mains sur le blues.
Après sa période bossa et sa période jazz-rock, Stan Getz découvre, lors d’un passage à Paris, un trio qui le fascine au point qu’il décide d’engager les trois musiciens pour ses prochains concerts ainsi que pour un double album live enregistré au Ronnie Scott de Londres (Dynasty). Le trio en question est basé sur la formule orgue/guitare/batterie mais avec un son et un feeling bien différents de l’école Jimmy Smith. A l’orgue, Eddy Louiss, à la guitare, un certain René Thomas et à la batterie Bernard Lubat. Pour une télévision filmée à Paris, Getz joue Dum Dum, avec à la clé des chorus d’orgue et de guitare. Une des formations les plus originales qu’ait dirigé le saxophoniste à cette période de sa vie.
A Bern, en 1988, le quartet d’Oscar Peterson (pn) avec Ulf Wakenius (gt), Dave Young (cb) et Louie Bellson (dms) se voit renforcé par une brochette de solistes hors normes : Harry Sweets Edison, ancien soliste de Basie (tp), Clark Terry, un des rares solistes à avoir illuminé les orchestres de Basie et d’Ellington (tp), Clifford Jordan, hard-bopper jadis partenaire de Mingus (ts) Dizzy Gillespie, co-créateur du be-bop (et du jazz moderne). Pour cette jam dans laquelle tous ces monuments de l’histoire du jazz avaient encore l’âme habitée de jazz et la technique suffisante pour l’exprimer, le choix s’est porté sur un thème be-bop historique, Ow ! Ajoutez un w, et ça donne Wow, tout simplement !
https://www.facebook.com/oscarpetersonlegacy/videos/707982153307071/
En 1961, le réalisateur Shephard Traube tourne un court métrage reconstituant en une demi-heure une jam-session after hours (d’où le titre du film), ces séances où se retrouvent les jazzmen, après leur boulot alimentaire, afin de jouer, ensemble, ce qu’ils ont envie de jouer et rien d’autre. Plus de public, juste des potes musiciens qui ne prennent même pas le temps d’ôter leur chapeau, et le personnel du club, qui profite enfin d’un spectacle pour happy fews. A l’occasion, n’hésitez pas à regarder ce film en entier, vous y verrez également Roy Eldridge et quelques autres. Au centre de ce Lover Man, un autre géant du middle jazz, qui n’est sans doute plus l’immense saxophoniste qui donna ses lettres de noblesse au ténor dans les années ‘30/’40 mais qui reste un musicien imaginatif et sensible : aux côtés de Coleman Hawkins, cet extrait nous permet aussi (et ce n’est pas si souvent) de voir et d’entendre le pianiste Johnny Guarnieri, le guitariste Barry Galbraith, le bassiste Milt Hinton et le batteur Cozy Cole.
C’est pas un scoop, seuls quelques chanteurs français ont eu la grâce, appelons ça comme ça, de faire swinguer la langue française : et en tête de ce peloton – avec un petit accent du pays d’Oc en prime – monsieur Claude Nougaro. A son répertoire, un mélange de créations originales et de reprises de standards de jazz. A ses côtés, de grands jazzmen comme Eddy Louiss ou Maurice Vander. En 1994, il est au cœur d’un concert qui a une résonnance toute particulière en ces temps de folie épidémic-mac : un concert sans public au Théâtre d’Enghien. De lumineux invités comme Michel Petrucciani ou Dee Dee Bridgewater. Avec Dee Dee et Maurice Vander au piano, Nougaro chante Autour de minuit, traduisez : Round Midnight de Thelonious Monk. Et en bonus le plaisir de retrouver dans la rythmique le batteur Chris Strick, et le bassiste qui fit les plus grandes nuits de Gouvy, un certain Hein Van de Geyn qu’on embrasse au passage.
Le grand art de Michel Petrucciani s’est surtout exprimé à travers des prestations en trio, en duo ou en solo. Il lui est pourtant arrivé également d’étendre ses formations, comme ce fut le cas en 1998, lorsqu’au festival de Nice entre autres, il donna des concerts avec une rythmique brûlante (Anthony Jackson et Steve Gadd) et trois souffleurs et non des moindres : Flavio Boltro (tp) Stefano di Battista (sax) et Denis Leloup (tb). Ils jouent successivement Take the A Train et Rachid.
1971. André Francis présente régulièrement des émissions de jazz à la télévision française (l’ORTF à l’époque). Pour cette émission, l’invité est le sax américain Johnny Griffin, qui a réuni un quartet pour l'occasion. Toutefois, pour le dernier morceau, Blues for Harvey, il nous offre un duo avec le batteur du groupe. Et quel batteur. Il a joué avec les plus grands, Charlie Parker, John Coltrane, Miles Davis, Monk etc. Il vivra plusieurs années parmi nous à Liège. Son nom : Arthur "Art" Taylor. Remember Mr A.T., from the Quai des Ardennes.
Cyro Baptista est brésilien, il est né en 1950. En 1980, il perfectionne son travail de percussionniste au Creative Music Studio de Woodstock, dirigé par Kart Berger. C’est ensuite la rencontre avec John Zorn mais aussi avec Herbie Hancock, Cassandra Wilson et Wynton Marsalis. C’est dire la variété de son vocabulaire. En 2004, il est l'un des invités de l’émission hors normé Solo : The Jazz sessions (après John Abercrombie, Bill Frisell, Joe Lovano, Brad Mehldau et bien d’autres). Sept minutes 24 de voyage à travers l’univers du rythme et des percussions, notamment avec à l’appui une série d’instruments créés par Baptista lui-même.
Si certains jazzmen ont été surfilmés (pas de noms !), on sait que d’autres, et non des moindres ont été boudés par les caméras tout au long de leur vie (Django, Charlie Parker et Clifford Brown figurant en tête de ce triste hit-parade). Mais au chapitre des hard-boppers il y aussi des inégalités flagrantes. Si on possède des kilomètres de films montrant Johnny Griffin, Rollins, Benny Golson, Jimm Heath et d’autres – et on ne s’en plaint pas-, quid de ces grands musiciens qu’on nomme parfois avec un soupçon de mépris les « seconds couteaux » ou les « petits maîtres » ? Combien possède-t-on de vidéos de Hank Mobley ? De Tina Brooks ? D’où la bonne surprise que constitue cette tenor battle entre David Newman et Tina Brooks ! Si le premier apparaît souvent dans les captations de concerts de Ray Charles, pour Tina Brooks, bernique ! Jusqu’à cette version de Birth of a Band filmée lors du concert du Genius au Brésil en 1964 ! Welcome, Tina !
Parmi les partenaires privilégiés de Cecile McLorin Salvant, en dehors des membres de son trio, on trouve régulièrement l’ami Jacky Terrasson. En 2012, au festival de St Emilion, ils nous offrent une très belle composition du pianiste, Oh my love, qui figure sur l’album de Terrasson intitulé Gouache. Burnin Travis (cb) Justin Faulkner (cb) et le pétillant Minino Garay (perc) accompagnent avec finesse ce tandem qui restera sans doute inscrit dans l’histoire du jazz des débuts du XXIème siècle. Et avouez que je n'abuse pas : seulement deux fois Cecile en près de 80 vidéos confinées, franchement...
Encore un petit crochet par la soul des années ’60. A côté d’Otis, d’Aretha ou de James Brown, il y avait aussi parmi les gars qui me faisaient bouger sinon danser, ce tandem décapant appelé Sam and Dave (de leurs vrais noms Samuel Moore et David Prater). Formé en 1961, le tandem atteindra la première place des charts en 1966 avec ce Hold on I’m coming filmé lors du Stax and Volt Tour (Steve Cropper and cie). Influence gospel désacralisé garantie. Energy !
Après un démarrage fulgurant à la fin des années ’50, le jeune trompettiste Freddie Hubbard travaille avec Coltrane, Dolphy et participe même au Free Jazz d’Ornette Coleman. Puis il recadre son travail dans un registre plus hard kop à travers ses propres disques pour Blue Note mais aussi en tant que sideman (Benny Golson, Hank Mobley, Quincy Jones etc). En 1963, il remplace Lee Morgan au sein des Jazz Messengers. Boulimique, Hubbard continue, parallèlement aux tournées avec Blakey à enregistrer sans cesse. Précis et puissant, son jeu prolonge, à travers celui de Lee Morgan ou de Donald Byrd les innovations de Clifford Brown, avec des accents modernistes qui le distinguent des autres hard-boppers. En 1967, au festival de Molde, pour ce Birdlike, il est (superbement) entouré de Kenny Drew (pn) du jeune NHOP (cb) et d’Alex Riel (dms).
Pour commencer la semaine, un des plus vieux Mickey “musicaux”, The Jazz Fool (Le fou de Jazz) sorti en juillet 1929. Mickey dirige une troupe musicale itinérante, proposant une musique aux frontières de la Novelty Music, du rag et du jazz naissant. Savourez au passage la partie de percussion dentaire d’Horace, le cheval et la partie la plus « jazz », le solo de piano de Mickey (avec une quasi blue note façon Jelly Roll Morton vers 3’52). Le concert se termine, comme c’est souvent le cas, par une rixe entre le musicien et son instrument. Et si vous n’avez jamais vu les fesses d’un piano, eh bien c’est pour aujourd’hui !
Si la grande période créative de Louis Armstrong, celle où il a littéralement mis le jazz sur les rails remonte bien aux années ’20, jusqu’à sa mort, il a continué à incarner le jazz. Depuis la fin des années ’40, parallèlement à ses enregistrements plus commerciaux, il tournera inlassablement à travers le monde avec un all-stars conçu selon la formule New-Orleans. En 1965, à Berlin, il a à ses côtés le trombone Tyree Glenn, le clarinettiste Eddie Shu, et les fidèles Billy Kyle au piano, Arvell Shaw à la basse et Danny Barcelona aux drums. Il joue et chante Black and Blue, écrite par Fats Waller en 1929.
Parmi les têtes d’affiche des grands festivals d’aujourd’hui, figure incontestablement le contrebassiste d’origine israélienne Avishai Cohen (à ne pas confondre avec le trompettiste du même nom, membre des Three Cohens). Révélé au sein du New Trio de Chick Corea au début des années ‘90, il a très tôt démarré une carrière de leader : sa virtuosité affolante, son imagination sans limites et la puissance de son jeu ont séduit un public de plus en plus large. Au festival de Marciac en 2016, il était accompagné » par le pianiste Omri Mor et le batteur Noam David. Ils réinventent façon Power Trio le vieux Besame Mucho !
A la Maison du Jazz, la dernière soirée video de cette foutue saison était consacrée au sax baryton. Ce vendredi où, à minuit, tout s’est arrêté. Cette soirée, je vous l’ai dit à l’époque, était une demande spéciale de notre ami Marco Dujardin, emporté par le virus peu de temps après. Parmi les barytons défilant sur l'écran, il y avait évidemment celui qui reste peut-être mon préféré, monsieur Pepper Adams. Sonorité puissante et tranchante (on ne le surnommait pas The Knife pour rien), phrasé bouillonnant, lyrisme troublant, Pepper est un des plus sous-estimés des spécialistes de l’instrument. Avec Clark Terry (flgh) Lars Sjösten (pn) Sture Nordin (cb) et Egil Johansen (dms), il joue le Straight no chaser de Monk. Nous sommes à Stockholm en 1978.
Peut-être ne connaissez-vous pas Molly Johnson, chanteuse canadienne originaire de Toronto. Elle a pourtant 8 ou 9 albums à son actif, elle a chanté pour Nelson Mandela et a initié une fondation dont l’objectif était la lutte contre le Sida. Et surtout, elle a beaucoup de talent ! Parmi les quelques versions de Summertime qu’elle nous a laissées, j’ai un petit (un grand) faible pour celle-ci, filmée à Montreal en 2002, avec le pianiste Andrew Craig (excellent) le bassiste Mike Downes et le batteur Mark McLean. A découvrir !
Et on revient une fois encore à ces émissions The Subject is jazz. Invité d’honneur de cette émission consacrée au Futur du Jazz (1958), l’arrangeur George Russell, futur pape du Third Stream. Au cœur de ce sublîme Concerto for Billy the Kid, entouré par une petite formation où on reconnaîtra entre autres Art Farmer, Jimmy Cleveland, Barry Galbraith etc, un jeune pianiste en pleine ascension, à qui est dédié ce concerto : porté par les arrangements de Russell, Bill Evans nous offre un solo éblouissant. A emporter sur l’ile déserte (je sais, elle commence à être encombrée, mais ça, vraiment, on ne peut pas passer à côté).
Hommage à Brassens à travers une chanson peu connue mais superbe, le 22 septembre, qui se termine par cette phrase : "Le 22 septembre aujourd'hui je m'en fous, mais c'est triste de n'être plus triste dans vous". Nous sommes à La Louvière en 1991 avec Richard Rousselet (tp) Paul Bourdiaudhy (tb) Steve Houben. (fl) Nathalie Loriers (pn) Jean-Louis Rassinfosse (cb) Jan de Haas (dms)
Take Five, Blue Rondo à la Turk, Three to get ready, In your own sweet way, autant de succès planétaires écrits par Dave Brubeck et son partenaire Paul Desmond pour un des quartets les plus populaires des campus américains des fifties puis des plus grandes scènes internationales. En 1964, ce quartet (Desmond à l’alto, Brubeck au piano, Gene Wright à la basse et Joe Morello aux drums) est de passage en Belgique et est (très bien) filmé par la RTB. Parmi les titres moins connus, figurant au programme de cette émission Jazz pour Tous, ce Koto Song initialement paru sur l’album Jazz Impressions of Japan. Entre feeling bluesy et évocations orientales. Intemporel !