Miles Davis avait l’habitude de dire : « L’histoire du jazz peut se résumer en quatre mots : Louis Armstrong - Charlie Parker » désignant par là le génie instinctif du premier, qui mit le jazz sur les rails, et le génie musical du second, qui le fit entrer dans la modernité. S’il avait été amené à prononcer cette phrase quelques années plus tard, sans doute Miles aurait-il ajouté « John Coltrane », dernier monument historique de l’histoire linéaire du jazz et troisième génie en termes d’improvisation. Coltrane conféra à cette musique une contemporanéité sans fin, et par son jusqu’auboutisme exprima la quintessence de la solidarité et de la liberté quasi sans limite qui s’exerce au sein d’un groupe de jazz. De ses débuts timides dans le R’n B puis dans le be-bop jusqu’à son adhésion fracassante au free-jazz aux côtés de Pharoah Sanders, en passant par le quintet de Miles Davis dans les années ’50, le quintet avec Eric Dolphy, le quartet avec Elvin Jones et Mc Coy Tyner, de l’hyper complexité harmonique à la modalité radicale, du lyrisme le plus bouleversant à l’esthétique du cri, c’est un des musiciens les plus importants du XXème siècle qui clôturera cette nouvelle année de Jazz Portraits au Sauvenière.